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[ chroniques d'un quotidien mi-figue mi-raisin ]

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  • Photo du rédacteurmandale douce

Crash texte #1 Ennui haché menu

Il est 15h02 depuis 20 minutes. Non mais sérieux. Autant parfois tu sais pas où le temps s’est réfugié, autant là, j’aimerais vraiment qu’il passe façon sparadrap déscotché fissa pour éviter les adieux torturés entre les poils et les bulbes.

Qu’il passe trop vite ou trop lentement, faut croire que le temps il veut jamais se plier à notre volonté.

Après, faut avouer. Je suis de nature impatiente. Sur une échelle de 1 à 10? 8000. Environ.

Je crois être impatiente dans l’action parce que je suis lente dans la réflexion.


Je crois aussi que je dois avoir vachement bien intégré la conception du temps à l’occidentale, passé-présent-futur. Linéaire, pas le temps pour les courbes, on reste focussé objectif.


Je crois que du coup j’ai parfois du mal à savourer l’instant, je pense toujours à ce que je ferai après, à ce que je vivrai la semaine d’après, à comment je me vois l’année d’après.


J’ai cru comprendre qu’il vaut mieux pas attendre qu’une situation évolue de la façon dont on l’imagine pour cuver la rosée du bonheur sur un chrysanthème fraîchement cueilli.

J’apprivoise le concept.


Mais franchement, là… je m’emmerde pis y’a rien à cueillir. La pauvre plante que j’ai à côté de moi, je lui ai niqué toute espérance de vie à la racine en niant régulièrement le lien de cause à effet entre arrosage et croissance.

15h10. Pfiouuuuu.

Je me mets à observer mon environnement immédiat. S’agirait par contre de continuer à avoir l’air affairée, l’air absorbée par l’une ou l’autre tâche qui aura perdu son intérêt avant même qu’elle ne soit accomplie (ça va toi sinon?)


En face de moi, un bonbon hamburger, je l’avais presque oublié. Je le conserve depuis 8 ans dans sa petite box plastique. J’voulais faire une expérience sans valeur scientifique, voir au bout de combien de temps il commence à se dégrader. Ça va pas t’étonner, il reste NI-CKEL. La notion de temps, le bonbon hamburger, il s’en bat le haché de synthèse.

"La vie est un bouquet de Gummi Burgers" // Auteur inconnu
15h12 (et 30 secondes)

Ça me fait penser à ces études dont on nous parle parfois dans les médias. Je suppose qu’on nous passe les détails mais quand même, entendre un concile de chercheurs qui ont taffé pendant 5 ans sur les effets du tabac déclarer fébrilement qu’une consommation accrue, en gros c’est pas bien pour ce que t’as, ben du coup, mon expérience à moi, elle est pas si pire. Je trouve. "Les bonbons hamburgers, c’est plein de conservateurs, va-t’en donc croquer des noix de cajou!"

Merci Professeur Mandale.

15h20

Ayest, j’ai des fourmis dans les jambes. Je voudrais me lever, me barrer, me réapproprier les sinusoïdes de mon compteur de pas. Je pourrais, note. Je pourrais? En attendant de le décider pour de vrai, je croise et décroise les membres inférieurs, étire ce que je peux étirer, pour me retrouver quand même 5 minutes plus tard en position mi-voutée, mi-prostrée.

15h25

Je m’étire.

15h26

Ça leur fait ça aussi, aux autres? Est-ce qu’ils ont accepté l’idée qu’il y a des journées comme ça où l’on s’embête et où l’on ne sait pas trop ce qu’on fait là?

"Allez, encore une de faite!"


J’ai entendu quelqu’un dire ça un jour et ça m’a juste horrifiée. Pour moi c’est LA façon de concevoir son quotidien d’adulte la plus cauchemardesque qui soit.


Sur nos buttes d’européens hyper privilégiés mais hyper marchés, le peu de temps que l’on a à notre disposition, on l’investit vraiment comme des b(r)anques, c’est une catastrophe…

15h35

Je repense à mon hamburger parfait. Punaise. 8 ans. C’est comme s’il n’avait rien traversé. Alors que moi… 8 ans que je l’ai sous les yeux, sans même plus lui prêter attention.


J’arriverais presque à faire un lien entre cette pauvre chique et mon existence (oui c’est une aptitude que j’ai, créer de la symbolique de comptoir entre tout et n’importe quoi, absolument inutile dans la vraie vie mais salvateur quand il s’agit de boucler un article sans foi ni loi).


Mon Giant en gomme, il me rappelle à la fois le passé, le présent et le futur. Tout à la fois.

(j’avais prévenu que ça serait de la démonstration rigoureusement approximative).


J’ai bien envie d’embarquer ma magic box dans mes prochaines aventures, juste pour me rappeler que le temps passe, mais qu’il y a des choses qui ne changent jamais et sur lesquelles on n’a pas de prises. Et c’est bien aussi.


Lui et moi, on sera jamais égaux en termes de flétrissage par contre.

Ça, ça m’emballe moins.

15h45

Pipi et pause dans le dehors (pendant laquelle j’ai pensé à d’autres trucs, mais t’as pas le temps).

16h02

Bon.


À demain?

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